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Ma démarche |
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Techniques
utilisées
J’utilise différents papiers (papiers de soie, d’emballage, vieux rouleaux de fax, etc…) collés sur de la toile brute (recouverte d’un enduit transparent), qui sont ensuite retravaillés à la peinture acrylique, aux pigments naturels, au fusain, avec rajoutes à certains endroits de différentes matières (sable, modeling paste, ….) ensuite grattés au papier de verre, repeints, en couches successives, pour arriver à un effet d’usure, exprimant les empreintes du temps sur les choses. Pour rehausser la luminosité, j’emploie parfois des bâtons
de peinture à l’huile, en dernière couche, à certains endroits. "Un pan de mur délabré, un dépouillement ruineux, un coin de vitre abandonné… Le temps est là, il passe, il me faut en témoigner : fatiguer les couleurs, chiffonner plus les papiers, rustiquer davantage les matières, jusqu’à l’écorchure. Alors que je surprends l’espace accablé de temps, le temps m’accable et j’accable à mon tour le papier, la matière et la toile, et tout cela ne fait qu’une même usure." "Dans l’œuvre d’Ariane Bosquet, (Bruxelles, 1959), le temps est un élément conducteur insaisissable. Elle parvient à capter cette notion impalpable l’espace d’un moment de son évolution. Qui dira d’où sont nées ces œuvres sans cesse travaillées et retravaillées ? Sont-elles le fruit d’un esprit unique ou plutôt d’une mémoire collective ? Sorties du plus profond des abîmes de l’âme, les œuvres d’Ariane Bosquet sont les dépositaires d’un instant dans le temps." Le parcours artistique L’histoire d’amour d’Ariane Bosquet avec l’Afrique, le Sénégal et surtout le Mali, débute en 2006, à la faveur de son invitation à la Foire off de la Biennale de Dakar. Excellente photographe, encouragée par Chab Touré, un galeriste, photographe et historien d’art, elle parcourt le Pays Dogon et fixe par dizaines des portes en bois, en fer, rouillées, blessées des stigmates de l’usure et du temps. Vestiges émouvants et dérisoires d’un autre âge ? « Ne luttons pas (…) contre le temps ; contre la rouille, il n’y a rien à faire.» chantait Maxime Le Forestier, dans La Rouille. Il vient à l’artiste l’idée de façonner elle-même de telles « portes » en petits formats. Elle recourt à des tôles oxydées trouvées au hasard des chemins et auprès de ferrailleurs. Elle les complète d’autres matériaux de récupération tels des bois et éléments de treillis. Sur la tôle ou sur la toile brute marouflée sur panneaux, elle peint à l’acrylique en strates successives. Celles-ci sont ensuite grattées au stylet ou scarifiées au papier de verre. Pour le brun moyen, toujours inventive, elle fait recours aux grains de café mêlés à la gomme arabique. Elle ramène régulièrement en Belgique des hauteurs de Bandiagara, un sable de teinte orangé et de la latérite rouge qu’elle intègre à ses supports, toiles ou tôles. Il s’y mêle parfois de la pâte à modeler. Une lecture détournée des oeuvres mène à les rapprocher de compositions abstraites. Dans ses travaux plus récents, Ariane Bosquet évoque villes ou villages campés autour de Bamako ou de la Dune de Koundou. Les tôles martelées et les toiles portent, collés, des éléments de métal ou des bouts de papier de soie imbibés de jus d’acrylique et de pigments. Ils figurent « les maisons ». Dans cette oeuvre puissante les teintes mates dominent. De-ci, de-là une transparence ou un effet de lumière affleure, résultat de l’usage de pastels dilués à l’huile. Le rendu visuel suggère des ensembles volontairement chaotiques, à la fois austères et dépouillés. Conçues en trompe l’oeil, ces structures peuvent faire croire à la présence de plusieurs plans . Floutés, ils révèlent la perspective en fond des « paysages » certes ancrés dans la mémoire, mais aussi déliquescents quand, au fil du temps, leurs contours s’estompent. La rouille les aura rongés. Tant dans son thème « les portes » que dans celui des « villes », Ariane Bosquet donne magistralement corps à ce phénomène. Non seulement chimique, mais aussi immanquablement mental. La rouille, matière-objet se fond littéralement dans le sujet. La substance, en tant que telle, habite authentiquement le coeur de la création. Depuis 2009 et jusqu’à aujourd’hui, Ariane Bosquet multiplie les voyages vers le Mali, où elle mène à bien par ailleurs des projets associatifs liés à la scolarisation et à l’éveil artistique d’enfants. Michel VAN LIERDE Mars 2014 |
Naufrages - Terre Plurielle Ramasser, déchirer et réassembler des morceaux de toiles, de papiers, de métal, de végétaux éparpillés, oeuvres non abouties, échouées dans des caisses ou sur le sol de mon atelier, en attente d’une autre vie ...les reconstituer, leur redonner une autre forme, un nouveau départ .. je ne peux m’empêcher de penser à eux, ces migrants qui nous traversent, ces morceaux de tant de vies perdues éparpillées dans les eaux de la méditerranée. «Naufragés» est une grande oeuvre qui a été réalisée lors d'un workshop à Cotonou (Bénin) chez l'artiste Ludovic Fadairo en août 2018, de l'autre côté de l'océan, face à la mer, en regardant les pirogues des pêcheurs. Ces mêmes pirogues, témoins de traversées vers l'Europe. Visages sans noms, traversées mortelles, naufrages et naufragés. Réassembler ces morceaux, faiblement attachés, agrafés afin qu’ils ne sombrent pas dans les profondeurs de l'oubli . Nous sommes une Terre Plurielle |
Aux portes du Mali.
Ariane Bosquet a été invitée à Bamako, au Mali, en juillet 2008 pour une résidence d’artistes d’un mois chez Chab Touré, galériste, photographe et historien d’art. Après avoir commencé par faire quelques toiles classiques inspirées des couleurs locales, il lui fallait trouver un fil conducteur différent de ce qu’elle avait l’habitude de faire ici à Bruxelles. Elle a alors effectué un travail sur le thème des portes qu’elle a photographiées tout au long de son voyage. De vieilles portes en bois, en tôle, en fer, patinées par le temps. En récupérant de vieilles tôles rouillées le long des routes chez les ferrailleurs, elle a commencé par les utiliser en tant que support d’encadrement, en collant des petites toiles travaillées avec ses papiers, évoquant les portes. Mais cela ne lui suffisait pas, il fallait qu’elle aille explorer plus en profondeur ce nouveau matériau. Ce fut donc, au long de ces 3 semaines, un work in progress permanent pour finir à arriver à des œuvres incorporant ses matières travaillées à même la tôle, et s’éloignant de plus en plus du thème de la porte… : confondre la rouille du temps avec ses matières pour ne faire plus qu’un, ne sachant plus où l’un se situe par rapport à l’autre, toujours à la recherche de l’empreinte du temps qui passe sur les choses de la vie. Pour ses 4ème et 5ème séjours au Mali de novembre 2010 à avril 2011 et en hiver 2012, elle récupère, travaille et assemble le métal érodé, les papiers et les tissus usés, les vieux grillages qu’elle mélange cette fois-ci au banco orangé, à la latérite rouge et au sable de la dune de Koundou du village dogon où elle a séjourné. Elle offre pour le plaisir du public bamakois une série d’oeuvres puissantes, sensibles et inédites évoquant les paysages dogons. Poursuivant sa démarche de mise en valeur des matériaux, fruits ou végétaux caractéristiques du pays dogon (Mali), Ariane Bosquet nous présente des travaux à forte composante textile à base de tissus «indigo». Au Mali, les plantes utilisées sont des variétés d'indigofera. Elles secrètent une substance verdâtre qui oxydée au contact de l'air, produit un pigment à la couleur bleu tirant au violet utilisé dans les beaux-arts. Pour la teinture, le textile est trempé dans une cuve où, au terme d'une macération plus ou moins longue, et selon le même procédé, au contact de l'air, il vire à la septième couleur de l'arc en ciel. Au plus nombreux seront les bains, au plus night Blue sera le rendu final. Combiné à des colles, à d'autres pigments comme l'outremer, au noir, l'artiste débouche sur des patchworks aux multiples nuances. Les supports sont variés : papier Canson noir, fibres de palmier, cartons épais, tissus de pagnes, cuir souple. L'insertion d'éléments végétaux et de sable, l’impression en creux, le recours aux techniques de superposition et de réserve personnalisent les œuvres. En procédant au tressage ou à l'enroulement de plusieurs pagnes lovés les uns dans les autres, Ariane Bosquet fait apparaître parmi les plus saisissants de ses camaïeux en gamme de Blue majeur... Michel Van Lierde février 2018 |
Cicatrices
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Ariane Bosquet 0477 74 55 36 |